En vertu du
dahir du 15 août 1928, les terrains couverts d’Alfa font partie du domaine
privé de l’état. Cette loi garantit aux tribus voisines le droit d’usage lié au
parcours et à la récolte d’Alfa nécessaire aux besoins domestiques.
Le dahir du 20 juin 1930 octroie la gestion, la
conservation et l’exploitation des nappes alfatières à l’administration
forestière. Ce dahir stipule que :
¨
L’exploitation de l’Alfa
dans un but industriel ou commercial n’est cédée que par voie d’adjudication
conformément au titre 2 du dahir du 10 octobre 1917 sur la conservation et l’exploitation
des forêts.
¨
Les conditions de
l’exploitation sont globalement régies par le service forestier compétent.
¨
En plus d’adjudications
publiques, des marchés de gré à gré et des concessions à long terme furent
passés avec les exploitants alfatiers.
Enfin,
les nappes sont régies aussi par le dahir du 20 septembre 1976, définissant les
conditions d’organisation de la participation des populations au développement
de l’économie forestière
Fonction écologique :
Les nappes alfatières jouent un rôle considérable
sur le plan écologique.
·
Protection contre l’érosion et
l’ensablement :
Elle
participe d’une manière efficace au maintien de l’équilibre de
l’écosystème local et à la lutte contre la désertification dans les zones
arides et pré-sahariènnes.
Les touffes d’Alfa garantissent la protection du sol
contre l’érosion éolienne d’une part, en formant des brise-vents qui atténuent
la vitesse du vent au ras du sol et retiennent les éléments transportés, et
contre l’érosion hydrique, d’autre part, en réduisant l’effet Splash
(amortissement de la chute des gouttelettes de la pluie) grâce à son feuillage.
Elles contribuent aussi par leur système racinaire
au stockage d’eau plus au moins en profondeur en limitant le ruissellement
surtout sur les terrains en pente.
·
Habitat de la faune sauvage :
Les touffes d’Alfa abritent une véritable biocénose.
Elles constituent donc un milieu de vie privilégié pour sa reproduction et le
développement de ses éléments. A la base des touffes, on trouve plusieurs
espèces phytophages, xylophages et granivores, alors qu’au sommet on trouve
essentiellement les prédateurs.
·
Ornement :
Grâce à son
feuillage toujours vert et à sa stature bien dressée, l’Alfa peut être utilisé
comme plante ornementale. Les inflorescences produites par cette plante peuvent
contribuer à la beauté des sols érodés et constituer des bouquets secs
d’attraction (YESSEF et al. 1992 in KHALLADI, 1993).
Fonction socio-économique :
Exploitation
des nappes alfatières :
La
production de l’Alfa au Maroc a été toujours conditionnée par les exportations,
surtout entre 1924 et 1975, vers l’Europe (Grande Bretagne, France, Espagne…)
où il y avait de nouveaux débouchés constitués par l’industrie papetière
¨
Entre 1924 et
1952 : le tonnage était en moyenne de 35000 T/an. Il a été limité par le
manque de la main d’œuvre locale et l’absence d’infrastructure et de réseau de
transport (chemin de fer) dans les régions productives éloignées.
¨
Entre 1960 et
1973 : la production a connu une
augmentation importante dépassant les 100.000 tonnes. Cette augmentation est due : d’une part, à l’installation
de la voie ferrée, en particulier dans la région orientale ; et d’autre
part, à la demande accrue formulée par les usines papetières nouvellement crées
en Allemagne, USA, Portugal et en
Italie.
¨
Entre 1973 et
1990 : la production a connu une chute progressive due à l’augmentation
des frais de transport vers l’extérieur (après les deux crises pétrolières de
1973 et 1979) et à l’apparition des autres matières premières de substitution.
Tableau 4 : Production
et exportation de l’Alfa du Maroc :
X 1000T
|
Exportation
x 1000T
|
|
1960
1961
1962
1963
1964
1965
1966
1967
1968
1969
1970
1971
1972
1973
1974
1975
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
|
85
103
125
129
78
60
68
60
38
34
47
86
47
14
28
40
28
31
53
11
9
13
9
7
|
85
86
97
44
97
34
34
28
36
40
29
41
41
43
30
23
20
12
12
9
0,06
0,04
0
0
|
Cumule
|
1203
|
841.1
|
Source : EAUX et FORET
Pour les années 1964, 1969, 1973 et 1974, il y a
lieu de remarquer que l'exportation de l'Alfa brut est
supérieure à la production. Ceci est du au fait que la quantité exportée
est composée de la production de l'année en cours et des stocks des années
précédentes.
Après
l’arrêt de l’exportation de l’Alfa vers l’étranger, les utilisateurs nationaux
qui restaient sont :
¨
L’usine PANALFA qui
utilisait 3.000 T/an d’alfa pour fabriquer des panneaux de particules
dont la majorité était destinée à l’exportation sous forme de têtes de caisses
d’emballage armées et de plateaux.
¨
L’usine de
SUCRAFOR de ZAIO qui absorbait 10.000 T/an d’alfa dans ses chaudières
pour produire de l’énergie.
¨
L’usine d’aliment
de bétail SECOPRA de Guenfouda qui pourrait utiliser jusqu’à 40.000 tonnes
d’alfa. Malheureusement, cette usine n’a fonctionné qu’une seule année en
utilisant 4.400 tonnes d’Alfa, puis elle a fermé.
Vers
1986, et pour des raisons diverses, toutes ces unités ont cessé d’utiliser
l’Alfa. Depuis lors, les nappes alfatières du pays sont totalement sous
exploitées, excepté pour le parcours et l’usage domestique.
L’Alfa et l’emploi :
L’exploitation bien organisée des nappes
alfatières destinées à l’utilisation papetière et énergétique ou à
l’alimentation du bétail pourrait assurer la création d’un nombre élevé
d’emplois.
D’après EL RHAZI (1998), la possibilité de
production égale à 390.000 tonnes d’Alfa sec donnerait l’occasion de créer plus
de deux millions de journées de travail durant
la période de huit mois (du 1er juillet au 1er mars )
ouvrable à l’exploitation de l’Alfa. Ce chiffre est évalué sur la base de la
capacité de cueillette et de ramassage de l’Alfa que pourrait réaliser une
personne par jour, estimé à 1,5 à 2
quintaux (BOUDY, 1950 et JAUNET, 1953).
En d’autre
terme, plus de 10.000 personnes par jour
pourront travailler d’une façon permanente durant les huit mois.
A ceux-ci,
il s’ajoute le nombre de personnes que peuvent employer les unités
industrielles de la pâte à papier, de la confection des briquettes
combustibles, d’aliments de bétail, des panneaux de particules et de la
confection des articles artisanaux.
A titre d’exemple, la Tunisie possédant environ 900.000 Ha d’Alfa et
avec une exploitation annuelle de 60.000 tonnes à l’usage industriel
strictement papetier, emploie 20.000 ouvriers occasionnels et 1.000 permanents.
L’Alfa
et la chasse :
La région
de l’Oriental est une zone giboyeuse, très fréquentée par les chasseurs dont le
nombre ne cesse d’augmenter d’une année à l’autre. On compte plus de trois millions de chasseurs-jours dans la région (d’après les Eaux et Forêts). Ceci est
dû à l’existence d’un couvert végétal très étendu et très dense constitué par
l’Alfa. La densité de ses touffes et le grand nombre de leurs feuillages
assurent un développement satisfaisant d’un gibier nombreux et varié (lièvres,
lapins, perdreaux, outardes…). Ces touffes d’Alfa lui assurent, donc, l’abri et
la sécurité pour se reproduire et se
développer ainsi qu’un refuge idéal.
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