Le « mouvement de l'agroécologie » est intimement
lié à la pratique agroécologique puisque c'est par ce mouvement que se justifie
le choix de telles pratiques. Néanmoins, la pratique agroécologique est devenue
un mode de production agricole qui fait l'objet d'étude et se développe
indépendamment de toutes considérations autres qu'agronomiques, à l'image des
travaux menés dans ce domaine par le CIRAD.
En France, Pierre Rabhi est un représentant de ce mouvement qui prône le respect des écosystèmes et intègre les dimensions économiques,
sociales et politiques de la vie humaine. Il s'agit d'une démarche qui vise à
associer le développement agricole à la protection de l’environnement. Ses objectifs principaux sont de faire évoluer
l’agriculture à orientation quantitative vers une agriculture qualitative
impliquant un renouvellement des buts et des moyens.
Les tenants de ce mouvement se défendent d'une approche
purement technique, mais prônent une approche globale basée sur la
reconnaissance des savoirs et savoir-faire paysans.
L'agroécologie comme
pratique agricole
Les moyens principaux de la pratique de l'agroécologie
sont :
§ Le travail du sol respecte sa structure, son ordre naturel et ne
bouleverse pas le siège des divers micro-organismes dans les strates de
la terre.
§ La fertilisation se fait au moyen des engrais verts et du compostage. Il s'agit d'une
véritable nourriture pour les sols. Ces moyens, peu coûteux, peuvent être
utilisés par les paysans les plus pauvres.
§ Traitements phytosanitaires naturels, biodégradables et traditionnellement
utilisés dans la lutte contre les parasites comme les cendres de bois, les graisses
animales.
§ Sélection des variétés les plus adaptées aux terres cultivées,
espèces locales reproductibles localement qui permettent une véritable autonomie.
§ Économie et meilleure utilisation de l'eau et de l'irrigation par une meilleure compréhension de l’équilibre terre/eau.
§ Source d'énergie mécanique ou animale pour éviter le gaspillage et les équipements coûteux, sans nier le progrès mais en
l'ajustant aux réalités.
§ Aménagements pour lutter contre l'érosion des surfaces (diguettes, microbarrages,
digues filtrantes) et utiliser les eaux de pluie, recharger les nappes phréatiques.
§ Haies vives pour la protection
des terres cultivées.
§ Reboisement des terrains non utilisés pour produire des sources de
combustibles, une pharmacopée naturelle, l’art et l’artisanat, la
nourriture humaine et animale, la régénération des sols.
§ Réhabilitation des savoir-faire traditionnels et à la gestion
écologique économique.
§ Pédagogie adaptée aux acteurs de terrain3.
Les applications[modifier]
Un outil de développement rural dans
les pays pauvres[modifier]
L'agroécologie représente une vraie alternative aux cultures
classiques dans les pays en développement. En effet, en mettant l'accent sur
l'équilibre durable du système sol-culture elle permet de x cultures et ainsi
de réduire considérablement les besoins d'irrigation. Les cultures présentent
donc une meilleure capacité de résistance aux conditions difficiles :
épisodes de sécheresse, pression des adventices, sols appauvris, conditions
fréquentes dans les pays en développement, notamment sur le continent africain4.
Exemple : Le Programme de Promotion des Revenus Ruraux ou PPRR5, projet du FIDA à Madagascar, soutient à travers le financement
de microprojets les exploitants ayant choisi d'appliquer les principes de
l'agroécologie sur leur ferme (voir le témoignage vidéo d'un paysan malgache
dans les liens externes).
Un outil de revitalisation des sols
cultivés avec pesticides[modifier]
Selon un certain nombre de scientifiques, les sols, dans de
nombreux pays du monde, seraient morts6. La sur-utilisation des pesticides et la culture intensive en
sont les causes.
Pour endiguer cette mort des sols, Le compost et le fumier
peuvent être répandus sur les sols mais les produits chimiques doivent être
interdits. Enfin, les variétés de légumes hybrides sont plus fragiles que les
anciennes variétés de nos grands-mères, qui demandent moins d'irrigation.
Celles-ci, bien associées avec d'autres plantes ou arbres, légumes, fruits ou
condiments, sont parfaitement rentables et leur croissance est même plus forte
que les hybrides. Les besoins en pesticides sont alors nuls et en irrigation
beaucoup moins importants7.
L'agroécologie comme discipline
scientifique[modifier]
L’agroécologie est également une discipline scientifique
émergente. Elle a pour objet l'étude des agroécosystèmes.
Miguel Altieri de l'université de
Berkeley est un pionnier de cette discipline et
est régulièrement sollicité par le PNUE.
De plus, des différents types d’enseignement (master,
semestre d’approfondissement) ont été mis en place, ou sont en train de se
constituer.
Miguel Altieri en propose cette définition (1995) :
« L'agroécologie est la science de la gestion des ressources naturelles au
bénéfice des plus démunis confrontés à un environnement défavorable. Cette
science, de nature biophysique au sens large, porte ainsi sur l'accumulation de
connaissances sur les fonctionnements des écosystèmes (cultivés). Elle conduit
à la conception, à la création et à l'adaptation sous la forme participative de
systèmes de culture complexes productifs et par suite attractifs malgré un
milieu défavorable et malgré un recours très faible aux intrants... »
Agroécosystème
Un agroécosystème ou agrosystème est
un écosystème modifié par l’Homme afin
d'exploiter une part de la matière
organique qu'il
produit, généralement à des fins alimentaires.
Il
s'agit de l'objet d'étude de l'agroécologie en
tant que discipline scientifique. Il est dans ce cas arbitrairement défini
comme un ensemble agricole fonctionnellement et spatialement cohérent, incluant
ses composantes vivantes et non-vivantes ainsi que leurs interactions1